• Instagram
  • Instagram
  • Facebook

Portrait: Luana Menoud-Baldi, présidente de l’ASM

En fonction depuis le 29 août 2020, Luana Menoud-Baldi s’est volontiers prêtée au jeu de l’interview pour le Dynamik/que. Nous l’en remercions  vivement et lui souhaitons plein succès à la tête de cette forte association de la scène musicale suisse.

Bonjour Luana, pouvez-vous nous présenter vos tâches dans le cadre de votre fonction de présidente de l’ASM?

J’ai instauré un nouveau modèle d’organisation et une stratégie 2020-2025 qui vise à rapprocher la direction de l’ASM, ses associations cantonales et  ses 67 000 musiciennes et musiciens, à optimiser nos structures internes et renforcer ainsi la collaboration avec nos associations membres et les autres acteurs culturels de Suisse. Il s’agit aussi d’accroître la notoriété de l’ASM sur la scène culturelle suisse, en en faisant un centre de compétence pour la musique à vent.

En tant que présidente, j’ai pour tâche de conduire ce changement d’orientation et de culture associative. De grands projets sont désormais clairement affichés à l’horizon 2025 : refonte de notre magazine «unisono» et de sa communauté numérique dès 2023, année de la littérature suisse (2023), révision globale de notre système de formation de base et création en 2024-2025. Sans oublier un soutien aux responsables cantonaux et des sociétés de musique dans leur tâches de gestion, de coordination et d’administration, notamment par notre système informatique «hitobito», et un nouveau système de gestion des fêtes de musique.

Comment voyez-vous la place des jeunes dans les sociétés de musique et constatez-vous un problème de relève après la difficile période du Covid-19?

Notre parcours musical et social est unique et nous devons le préserver et le protéger. Et les jeunes occupent une place essentielle dans nos sociétés  de musique, car il s’agit de notre relève. Une relève certes censée compléter les effectifs, mais qui doit surtout amener ce vent de dynamisme, de nouveauté, de fraîcheur culturelle. Les sociétés de musique doivent vivre avec leur temps sans oublier la tradition. A la fois un défi et une chance.

Le Covid-19? La période de marasme culturel que nous venons de traverser a évidemment mis à mal notre fonctionnement et laissé des traces dans les rangs de nos fanfares, mais aussi dans le coeur et l’âme de chacune et chacun d’entre nous. La reprise de ces derniers mois a prouvé la résilience de notre monde et le succès des camps musicaux dans la majorité des associations cantonales a montré que nos jeunes ont soif de musique et de culture. Oui nous sommes de retour. Mais rien n’est gagné: il faut attirer les jeunes talents, les motiver à nous rejoindre. La musique à vent n’est pas ringarde. Elle est un pont entre tradition et avenir. A nous de lui trouver le meilleur présent.

Venons-en à la musique militaire: quelle image vous vient à l’esprit lorsque l’on évoque le Centre de compétence de la musique militaire?

Précisément celle de la compétence. Ces temps, le terme «militaire» est surtout associé à celui de «guerre», même si nous vivons dans un pays neutre.  La musique militaire incarne, si j’ose m’exprimer ainsi, le côté «positif» de l’armée. Avec à la clé une notion d’appartenance et de rigueur. Impossible toutefois de ne pas penser à l’école de recrue et aux orchestres de représentation. La première offre un apport indéniable et de haut niveau à la  formation musicale, les deuxièmes amènent notre musique et nos valeurs de paix au-delà de nos frontières.

Au niveau de la formation acquise durant le service, avez-vous de bons retours de musiciennes et musiciens, en particulier des cadres que vous rencontrez durant vos activités?

Oui. Avoir dans les rangs de nos ensembles des trompettes militaires, des officiers ou des directeurs issus de l’armée est source de fierté, mais aussi de reconnaissance. En effet, les musiciennes, musiciens et cadres militaires ont d’abord pratiqué leur art au civil. Ils reviennent donc à la source et renforcent nos sociétés de musique.

Pensez-vous que la musique militaire dispose d’un avenir assuré et devrait-elle intensifier ses relations avec la scène civile?

La musique militaire peut aussi aider notre monde musical à évoluer. Je regrette toutefois de constater que les effectifs des fanfares militaires se  réduisent au fil des ans. J’espère que tant que l’armée suisse sera une armée de milice, elle conservera une musique militaire, parce que celle-ci est un moteur important pour les musiciens amateurs de nos harmonies et brass bands. Je souhaite aussi que les orchestres de représentation militaire puissent participer à des festivals en Suisse – autre que les tattoos – comme invités de prestige, afin de présenter leurs qualités au grand public de la musique à vent. La collaboration entre les instances des musiques militaire et civile est essentielle. Nos efforts sur la scène culturelle suisse n’en seront que plus perceptibles. Nietzsche a affirmé que sans la musique, la vie serait une erreur. C’est vrai. A l’armée comme au civil. Alors unissons nos forces.

Lien vers le PDF

Retour